
Inédit : « Lettres à Sigurd », une fenêtre sur l’enfance de Romain Gary
Cinquante ans après son second prix Goncourt obtenu sous le pseudonyme d’Émile Ajar, Romain Gary continue de révéler ses secrets. Les éditions Gallimard publient Lettres à Sigurd, 1937-1944, une correspondance inédite qui éclaire d’un jour nouveau la jeunesse du célèbre écrivain.
Sigurd Norberg fut l’un des camarades de jeunesse de Romain Kacew, futur Romain Gary. Leur amitié naquit en 1928 sur les bancs du lycée de Nice, où se rencontrèrent deux destins venus d’ailleurs : l’un de Suède, l’autre de Pologne. Même après son départ pour Stockholm, Sigurd maintint le lien avec son ami. Les lettres que lui adressait Gary témoignent d’une grande proximité, alternant plaisanteries estudiantines, confidences intimes, projets littéraires et allusions à la menace que faisait peser « le sieur Hitler, l’anti-homme ».

Cette correspondance dessine un portrait spontané du futur romancier, confirmant sa haute conception de l’amitié, la précocité de ses engagements et le secours qu’apportaient à sa mélancolie le sentiment amoureux, l’humour et, déjà, la littérature. Charlotte Norberg, petite-fille de Sigurd qui a retrouvé ces lettres, témoigne : « On retrouve un Romain Gary avec une personnalité déjà très exubérante, très exaltée, qui n’était pas propre à la période de l’adolescence, car il a continué à être comme ça toute sa vie. Il est déjà engagé dans toutes sortes d’idées, de discours, de révoltes. »
La publication de ces textes touchants intervient alors que le 17 novembre 2025 marquera les 50 ans du second prix Goncourt attribué à Gary pour La vie devant soi. Une découverte précieuse pour les nombreux lecteurs contemporains d’un écrivain qui se croyait « ringard et passé de mode », et qui offre une fenêtre rare sur l’intimité d’un des plus grands auteurs du XXe siècle.
Romain Gary, Lettres à Sigurd, 1937-1944, Paris, Éditions Gallimard, 2025, 134 pages ; 14 €
