
Boualem Sansal élu à l’Académie royale de Belgique
Samedi 11 octobre, l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a fait un acte d’une grande force symbolique en élisant Boualem Sansal. C’est un geste d’amitié envers un écrivain admiré et une affirmation de la liberté d’expression que l’on ne peut dénier. Sansal, emprisonné en Algérie depuis le 16 novembre 2024 et condamné à cinq ans de prison ferme le 27 mars 2025, occupera désormais le fauteuil 37 que Michel del Castillo avait laissé vacant, le même siège qu’avaient autrefois occupé Georges Duby et Mircea Eliade.
L’Académie belge, comme l’Académie française, compte 40 membres, mais elle se distingue par ses dix fauteuils réservés aux écrivains étrangers. Colette, Marguerite Yourcenar, Jean Cocteau, Julien Green et Assia Djebar y ont siégé. Aujourd’hui, elle compte des membres tels que Philippe Claudel, Sylvie Germain, Gérard de Cortanze, Fatou Diome, Amélie Nothomb, Eric-Emmanuel Schmitt, Jean-Philippe Toussaint et bien d’autres. Et désormais, Boualem Sansal. La question qui demeure : quand pourra-t-il venir prononcer son hommage à son prédécesseur, comme le veut la tradition ?
L’Académie belge avait déjà honoré Sansal en 2007 en lui décernant le prix Nessim Habif, récompense destinée aux auteurs de la francophonie, après Milan Kundera, Jorge Semprun, Amin Maalouf et Patrick Chamoiseau. Pierre Mertens avait alors souligné la lucidité de ses récits : « La bureaucratie, la corruption, la résignation, une religion dévoyée n’étaient jamais apparues avec autant de lucidité que dans ses récits, impitoyables pour une Algérie telle que personne n’osait la dire. L’humour s’y disputait avec la colère, la désespérance avec la sensibilité, la cruauté avec un fragile espoir sitôt déçu. »
Jean-Christophe Rufin avait tenté de l’imposer à l’Académie française, en vain. Il en avait parlé à Yves Namur, secrétaire perpétuel de l’Académie belge, qui lui avait promis que si un siège étranger se libérait, on penserait à Sansal. Rufin avait répliqué : « Vous montrerez plus de courage que l’Académie française. » Namur confirme aujourd’hui : « L’Académie est heureuse de le compter parmi ses membres. Je ne pense pas que cette élection servira à sa libération, mais nous voulons simplement saluer un écrivain. Et l’élire au siège de Michel del Castillo est lumineux : lui aussi avait été emprisonné dans sa jeunesse par les franquistes en Espagne. » Un symbole qui parle d’une solidarité transcendant les frontières.
Michel del Castillo était fait d’une autre étoffe et ce sinistre individu est cape de celle de la trahison !